Aider les femmes à s’adapter au changement climatique dans les villages marocains

محمد التفراوتي1 سبتمبر 2010Last Update :
Aider les femmes à s’adapter au changement climatique dans les villages marocains

Mohammed Tafraouti

Impossible d’éviter le fleuve Ameqrane alors que nous nous sommes lancés vers les villages de Boumaad et Tiza. Les ruisseaux et mares sont boueux, tandis que sur la rive gauche une bande d’eau se fraie un chemin vers le grand Fleuve, comme un serpent rampant vers une destination bien connue, chargée d’eau venant d’une source claire dans la partie supérieure de la montagne. Un troupeau de chèvres brunes paissent, en compagnie de quelques moutons affamés recherchant goulûment de l’herbe. Un homme, saupoudré de galets et de sable au milieu de la rivière lève la tête au passage des deux 4X4 pressés de rejoindre le village de Boumaad à travers la vallée Ameqrane. Un tournant nous éloigne de la rivière et de la montagne. Des nuages de poussière s’élèvent, nous forçant à nous frayer un passage, petit à petit, le long de la route en terre étroite conduisant au village d’où on peut admirer l’imposante rivière Ameqrane.

Village de Tiza Les habitants de Tiza dépendent des cultures annuelles de céréales, des légumineuses, des olives, des fruits et de l’élevage. Le changement climatique a une incidence négative sur ces cultures traditionnelles, les rendant moins rémunérateurs et plus préjudiciables à l’environnement local. Le sol argileux et fertile est aujourd’hui menacé par l’érosion des sols, les inondations et les sécheresses. Ces phénomènes rétrécissent la superficie des terres arables et détruisent le couvert végétal, en détruisant l’écosystème. Ceci à son tour aggrave la pauvreté et l’exode rural, en particulier chez les jeunes hommes. Les populations de Boumaad et de Tiza font face aux inondations destructrices et à de graves sécheresses.

Adaptation au changement climatique  Une étude de terrain a documenté l’impact de la montée du niveau de la mer et des phénomènes météorologiques extrêmes sur les systèmes naturels et socio-économiques, y compris l’avancée de l’eau de mer, l’érosion de la plage et des sols. Ces changements influenceront négativement les conditions de vie dans la région. L’étude scientifique a été conduite par Adaptation aux changements climatiques au Maroc (ACCMA- an anglais), un projet financé dans le cadre du Programme d’adaptation aux changements climatiques en Afrique (ACCA), par le Centre de Recherches de développement international (Canada) et le Département pour le développement international (DFID) du Royaume-Uni. Des réunions de consultation se sont penchées sur la nécessité de s’adapter au changement climatique et d’améliorer les conditions de vie de la population dans les villages de Boumaad et Tiza dans la partie orientale du Rif, à proximité de la mer Méditerranée. Les efforts comprennent la collecte des eaux pluviales et le développement de nouvelles techniques agricoles et de préservation des sols, afin de maintenir le système écologique local, briser l’isolement de la région et appuyer les capacités d’adaptation locales. Le Docteur Abdellatif Khattabi, coordinateur de l’ACCMA et professeur à l’Ecole nationale d’ingénieurs forestiers, confirme que les prévisions laissent entrevoir une augmentation des températures, une baisse de la pluviométrie, une aggravation de la sécheresse conjuguée à une grande variation entre la demande et l’approvisionnement en eau. L’étude vise à renforcer les capacités locales des populations à s’adapter au changement climatique et à améliorer leurs conditions de vie grâce à l’amélioration des pratiques agricoles et de gestion de l’eau.

Effets directs et réalisations Des stratégies détaillées de gestion des sols et de l’eau ont été élaborées en coopération avec les habitants, pour sélectionner des variétés d’arbres comme l’olivier, le caroubier, les amandiers et les figuiers, qui s’adaptent facilement à la pénurie d’eau, à la salinité des sols et à l’érosion, et d’autres techniques agricoles qui favorisent une forte valeur ajoutée des cultures, la construction d’un réservoir de stockage et la promotion de système d’irrigation goutte à goutte, ainsi que des essais et l’application de nouvelles techniques visant à maintenir la qualité des sols. Le projet ACCMA a organisé des ateliers de formation pour renforcer les capacités de la communauté à acquérir de nouvelles compétences et expertises dans l’adaptation au changement climatique à travers, notamment, la gestion de l’eau, l’entretien des bassins d’eau pluviale et des cultures locales durables. Le but est d’améliorer les conditions de vie, réduire la pauvreté et la vulnérabilité, et arrêter ou du moins réduire l’exode rural, en préservant l’écosystème et l’agriculture locale.

Obstacles et entraves Il existe de nombreux obstacles à l’exécution des activités communautaires à l’intérieur de Tiza, et une certaine réticence à faire participer les femmes, malgré le rôle important qu’elles jouent dans la gestion des ressources naturelles et la manière dont elles sont touchées par le changement climatique. L’Association Tafedna pour le développement et la Solidarité, avec l’aide du projet ACCMA et le Programme d’adaptation à base communautaire (ABC) fait actuellement de sensibilisation et organise des activités à l’intention des femmes.

Impact sur les femmes L’étude de l’ACCMA vise à renforcer la capacité des femmes à acclimater leur environnement agricole au changement climatique, en particulier aux défis de la raréfaction des ressources en eau, l’appauvrissement du couvert végétal, l’érosion des sols, la perte des récoltes et de bétail et la destruction de l’environnement et des structures de base. Les femmes représentent 75% de la population du village, puisque la plupart des hommes ont migré temporairement ou définitivement à la recherche de pâturages plus verts. La subsistance dans le village repose sur les cultures traditionnelles annuelles complétées par l’élevage d’ovins et l’apiculture, la pêche et le commerce. Les femmes jouent un rôle majeur dans le processus agricole. Boumaad manque d’eau potable courante et certaines maisons se trouvent à plus de 1,5 km de la source d’eau potable la plus proche. Une femme peut passer une heure et demie par jour à transporter de l’eau pour la boisson, les tâches ménagères, l’agriculture et l’irrigation. Contrairement à un homme, une femme ne peut pas quitter le village pour aller chercher d’autres sources de revenu. Elle dépend des ressources locales et n’a presque pas de possibilités d’éducation. Le projet ACCMA leur donne l’occasion d’acquérir de nouvelles compétences et de participer à plusieurs activités. Le projet comprend un programme d’alphabétisation pour les femmes et les filles du village et compte faire des canalisations pour le transport de l’eau potable et d’irrigation, la construction d’un petit barrage et l’adoption d’un projet pilote d’irrigation au goutte à goutte. Il vise à améliorer les connaissances des femmes sur le changement climatique, l’application de techniques agricoles adaptées et de gestion de l’eau grâce au partage d’informations et d’expertise lors de visites sur le terrain à d’autres projets.

Mohammed Tafraouti
Président du réseau marocain de presse sur le développement environnemental et durable

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